Ce n’est même pas qu’ils sont saturés, mais ils débordent de projets, de travaux et de sollicitations. C’est au-delà de la saturation. C’est évident : les génies pensent en solutions. Ils résolvent les problèmes, en général de gros problèmes bien compliqués. Du coup, ce n’est pas le boulot qui manque. On ne peut décemment pas leur ajouter un problème comme dépolluer la Terre, réhabiliter les écosystèmes, et atteindre une harmonie entre l’Homme et la Nature. Alors, à qui confier le bébé ? Je vous en prie, ne levez pas tous le doigt en même temps.
Dans la situation actuelle de la Terre, personne ne va le prendre à bras le corps et le résoudre une bonne fois pour toutes. Les associations ? Les ONG ? Pas assez puissantes. Elles ne savent pas se coordonner. Elles lancent les messages d’alerte, mais ceux-ci s’envolent dans le vent faute de système organisé.
Les gouvernements ? Non, ils ont déjà trop de problèmes.
Alors qui ?
Les populations adultes ne semblent pas être une option. Ils mènent déjà leur propre vie et essayent tant bien que mal de s’en sortir. Et ceux qui s’en sortent bien débordent de projets.
Mais alors qui ?
Les élèves bon sang, les élèves ! Refilons-leur le bébé. J’y ai pensé hier lorsque je coinçais un peu sur l’article « Animisme appliqué : refonte du système éducatif ». Et pourquoi pas ? Quelqu’un a-t-il une meilleure idée ?
Dans le système que j’ai brièvement décrit, j’ai délibérément éliminé la notion d’égalité. La différence, utiliser la différence ! C’est ça la clef. On a cultivé trop longuement l’égalité et la ressemblance avec la pensée et l’attitude majoritaires. Les idées innovantes sortent rarement des esprits conformes, cherchant à ressembler à la moyenne. Quand j’écoute les témoignages des gens qui sortent du lot, ils racontent qu’ils avaient souvent des tas d’ennuis et qu’ils n’étaient pas heureux à l’école – trop différents du reste du troupeau. Dans le système que je prône, on cultive et met en valeur la différence. Mettons en valeur l’individualité, la différence, chacun dans son domaine de prédilection.
Du coup l’école n’est plus seulement un endroit où l’on apprend ce qui est déjà connu. On y invente la société et les valeurs de demain. On apprend et on recherche. On met en application ce qu’on trouve, on teste, on vérifie, on innove encore, on corrige le tir, on améliore. On fait de la pratique, beaucoup de pratique et on développe l’esprit d’initiative et l’imagination. On travaille en équipe. On s’organise pour réaliser des projets quels qu’ils soient – artistiques, sportifs, scientifiques, éthiques, participatifs, sociétaux, etc.
C’est comme cela que les génies introvertis et mis à l’écart vont se révéler. Ce dernier de la classe, là-bas, dans le coin, près de la fenêtre et du radiateur, il est gros, il porte de grosses lunettes, il n’est pas très beau et il est mauvais en sport, et pire que tout, il est dissipé, il n’écoute pas les leçons du professeur. Il n’est pas normal ! Justement ! Ce petit gars est un génie qui rêve tout le temps. Il est dans un autre univers. Il ne pense qu’en solutions, en innovations, en inventions. Il n’aime pas ce monde terne et sans substance. Il se balade dans son univers plein d’idées brillantes. Mais personne ne le voit.
Il est temps de repérer les génies et de les mettre au travail, dès l’école.
