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par Tétard déjanté (28 points) dans Paradigme
Les trois tsunamis sont les conséquences d'un état de fait, par exemple le différentiel entre le temps court technologique-économique et le temps long politique et législatif. S'interroger sur la cause de l'avènement des tsunamis aussi bien que sur leurs conséquences me semble utile. La création d'un groupe de réflexion pourrait être à l'ordre du jour des crapauds.

2 Réponses

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par Batracien fou (256 points)
@paul07 je suis d'accord si on définit l'objectif de l'analyse des causes comme étant la formulation de remèdes / solutions potentielles. Un deuxième objectif étant l'éducation et l'information de tout le monde.

On doit juste éviter de réinventer la roue et de se noyer dans les détails du 'pourquoi en sommes nous là' et des polémiques inutiles qui en découlent parfois... Si tu veux, fais une liste des thèmes que tu voudrais aborder, on regarde et on invite des amateurs pour en discuter.
par Tétard déjanté (28 points)
Bien d'accord, intérêt principal de la réflexion sur les causes est de cibler précisément le cercle où mener une action par exemple local, régional, national, international. Deux thèmes m'interpellent 1/ la maîtrise et sécurité des données personnelles 2/ la bioéthique
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par Batracien fou (295 points)

Ce sont probablement les conséquences d'une évolution technologique sans guidage général (sans but global). Il semble que l'Homme soit en conquête constante pour apprendre les secrets de la matière et de l'énergie. Nous sommes une espèce conquérante. Le problème est que la pensée (pas l'activité du cerveau) ne suit pas le rythme des découvertes d'ordre physique. 

Autrement dit, la société change trop rapidement en comparaison de l'aptitude à comprendre des gens, à cause des progrès scientifiques fulgurants. Alors qu'au 20ème siècle, il était relativement simple pour n'importe qui de comprendre la société moderne, comment s'orienter et faire son chemin et "survivre", La société et sa science étaient relativement simples. Mais là, les scientifiques ont accéléré à un rythme infernal et la "pensée" collective ne suit plus. Ce qui génère dans le sillage des problèmes sociaux qui s'amoncellent.

L'école publique avait une structure, bonne ou mauvaise d'ailleurs, probablement critiquable, mais cette structure dure et disciplinaire avait le mérite de maintenir un certain ordre et d'éduquer tant bien que mal des hordes d'élèves. C'était le dix-neuvième et le vingtième siècle. Brutal, mais efficace ! Elle permettait au générations d'élèves de s'insérer dans la société industrielle et de coopérer. L'évolution était lente et la pensée avait le temps de s'adapter et de comprendre le milieu. 

CE N'EST PLUS VRAI. L'activité de la pensée est trop lente et trop désordonnée par rapport à l'évolution physique scientifique. Aujourd'hui un esprit a besoin de comprendre vite, très vite, les différents aspects d'une société en pleine mutation. Or, les mécanismes éducatifs et l'organisation élitiste et sélective de l'école publique ne permet pas à tous les élèves l'acquisition des savoirs et surtout des savoir-faire nécessaires pour s'orienter, comprendre, faire sa place et survivre dans une société mutante. Et je veux dire "survivre", car c'est l'enjeu pour l'individu comme pour la société. Celui qui ne suit pas le rythme est broyé. L'enfant qui ne comprend pas et qui ne suit pas à l'école est condamné. On ne peut pas se le permettre. Dorénavant chaque élève sans exception doit réussir son éducation. C'est un crime de condamner un seul élève à l'échec. C'est nouveau, c'est une situation différente de celle du 20ème siècle. 

Tout cela pour dire que l'une des causes est que la pensée, l'aptitude à penser, à comprendre, à évaluer, à déduire ou élaborer des solutions, est restés loin derrière à cause d'un système d'éducation obsolète. 

Cela offre un ensemble de solutions puisqu'on peut organiser l'école de façon à permettre à chaque élève de réussir son éducation et d'acquérir l'aptitude à comprendre les données et changements d'une société mutante. Cela commence par comprendre parfaitement les mots et la grammaire qui constituent le code fondamental des échanges entre les gens.

Dans mon livre Terre! de l'irresponsabilité à la prise de conscience, j'ai émis le postulat que "le savoir entraîne le savoir". Autrement dit, plus on sait, plus on a de données et de principes vrais et vérifiés lesquels nous permettent d'avancer davantage et de découvrir davantage de savoir et de savoir-faire. C'est une sorte de cercle vertueux et c'est ce qui peut sauver notre peau de terriens. C'est valable pour la société comme pour l'individu. 

Si tout ceci est vrai, il est probable que cela s'applique à la politique et à l'économie. Ces deux choses reposent sur des systèmes de pensée, des postulats originaux. Ces postulats furent émis dans une société particulière avec certaines caractéristiques. Ils furent émis pour résoudre certains problèmes. Il devient évident aujourd'hui que les postulats originaux avec les modèles politiques et économiques qui en découlent ne sont plus adéquats. Il nous faut de nouveaux postulats, puis de nouveaux systèmes économiques et politiques.

par Crapaud déjanté (166 points)
Désolé Christin, il y a des tas de choses que tu considères comme logiques que je ne saisis pas. La société était simple à comprendre au XXe siècle? tu n'as pas dû y passer beaucoup de temps, moi je n'y ai pas tout compris. "le savoir entraîne le savoir"? Ben oui, on trouve déjà ça chez Héraclite et Parménide, même s'ils n'étaient pas d'accord. Plus fondamentalement, tu dis qu'il faut de nouveaux postulats. Multiplier les postulats n'a jamais rien réglé. Mieux vaut observer, analyser, partir de l'existant que de créer des axiomes déconnectés. Les modèles on s'en fout, c'est les problèmes qui comptent...
par Batracien fou (295 points)
Je suis d'accord avec toi OChapelle. En fait, j'y ai passé 50 années de ma vie dans ce 20ème siècle. Bah, j'était ouvrier. On faisait notre formation, on respectait le prof et en général le cadre administratif, on trouvait du travail, on se logeait décemment, nos voitures ne brûlaient pas, je n'ai pas connu la drogue même si elle existait dans les années 70. Le père de mon copain d'enfance qui n'avait pas réussi en classe travaillait à la chaîne chez Renault, mais il ne se plaignait pas. La maman s'occupait du foyer et des enfants (comme la mienne) et ils n'étaient pas si malheureux. Ils partaient en vacance l'été. Simple, une vie simple. Mon père était artisan et il gagnait un peu moins qu'un ouvrier. Mais nous avions une petite voiture, et même une maison de campagne pas chère, mais qui vaudrait une fortune aujourd'hui. Dans le village où nous étions (un petit village) il y avait plusieurs petites fermes familiales où les gens vivaient décemment de leur travail. Les choses étaient cadrées et elles étaient simples (de ce que j'ai pu observer). Aujourd'hui nous avons des agriculteurs qui se suicident parce qu'ils ne peuvent pas payer les traites. Cela me semble une situation nettement plus compliquée. L'éducation était également relativement simple, en tout cas c'était cadré (je ne regrette absolument pas l'ancien système, je décris juste ce que j'ai vécu et observé).
Mais plus important est la deuxième partie de ta réponse. Je n'ai pas voulu dire qu'il fallait multiplier les postulats - surtout pas. J'ai dit que là où les anciens postulats généraient plus de problèmes qu'ils n'en solutionnaient, il fallait repenser ces postulats et les remplacer par de plus efficaces par rapport aux problèmes actuels. Et je suis parfaitement d'accord avec toi lorsque tu dis
"Mieux vaut observer, analyser, partir de l'existant que de créer des axiomes déconnectés. Les modèles on s'en fout, c'est les problèmes qui comptent..."
Sauf que les modèles peuvent générer des problèmes insolubles. Un exemple est le modèle  "fabrication - consommation" en pillant les ressources. Ce modèle de société pille la nature à grande échelle. Un autre exemple est le modèle éducatif qui génère des gens inemployables qui sont source d'autres problèmes par la suite. Ces problèmes en s'accumulant génèrent des situations politiques insolubles. Le modèle éducatif sélectif est de mon point de vue périmé.
Ce que je veux dire est que parfois il est utile dans l'analyse de remonter à la source d'un modèle qui est, de par sa conception, générateur de problèmes multiples. Il y a des postulats fondamentaux à la base de ce modèle. En les examinant, on peut découvrir ce que les gens de cette époque cherchaient à résoudre lorsqu'ils développèrent ce modèle, et puis en repensant le problème à la lumière de notre expérience, nous pouvons élaborer de meilleurs postulats et modèles plus fonctionnels, plus justes etc.
En tout cas, très heureux de cette discussion avec toi.  Et je compte lancer d'autres pavés dans la mare à crapauds histoire de démarrer de bonnes discussions.
par Crapaud déjanté (166 points)
Nous sommes d'accord, c'est clair. Finalement, la systémite a besoin d'un système pour être déconstruite. Soit. On est à fond dans l'épistémologie, là, et je pense que c'est un bon socle de départ. Comme j'aimerais avoir le temps de développer ces pensées...  Je le prendrais, c'est sûr, avec toi et les autres crapauds si vous le souhaitez!
par Batracien fou (295 points)
Super. Heureux de travailler avec toi. J'espère que d'autres nous rejoindront. Oui tu as raison, nous sommes en plein dans l'épistémologie. (pour ceux qui ne connaissent pas le mot, il  vient du grec ancien "epistêm" qui veut dire "connaissance vraie, science". C'est une partie de la philosophie.)
Est-ce que tu as déjà lu mes idées récentes dans la boîte à idées?
par Tétard déjanté (28 points)
Absent quelques temps je reviens dans la discussion. merci de vos analyses. Nous sommes d'accord sur le décalage entre l'évolution rapide des connaissances et les difficultés de la société à s'adapter à ces nouvelles connaissances, de ce décalage se crée un hiatus entre ceux qui peuvent suivre et les autres, apparition d'inégalités majeures qui n'existaient pas avec cette intensité au XX siècle que j'ai bien connu! tout passe par une école accessible à tous et de qualité dont il faudrait inventer un nouveau modèle adapté à l'ère numérique.
Les inégalités se creusent aussi par la main mise sur ces connaissances par des sociétés marchandes planétaires peu scrupuleuses, à l'inégalité de connaissances s'ajoute l'inégalité d’accès aux données. De plus depuis 50 ans le rapport  produit du travail/ produit du capital
évolue très nettement en faveur du capital, inégalité financière. L'accroissement des inégalités me semblent la conséquence directe du décalage entre rapidité d'évolution de la technologie et l’adaptation de la société. Si vous souscrivez à l'analyse comment agir sur la cause - le décalage - et sur la conséquence - les inégalités - ?
par Batracien fou (295 points)
« Absent quelques temps je reviens dans la discussion. Merci de vos analyses. Nous sommes d'accord sur le décalage entre l'évolution rapide des connaissances et les difficultés de la société à s'adapter à ces nouvelles connaissances, de ce décalage se crée un hiatus entre ceux qui peuvent suivre et les autres, apparition d'inégalités majeures qui n'existaient pas avec cette intensité au XX siècle que j'ai bien connu ! tout passe par une école accessible à tous et de qualité dont il faudrait inventer un nouveau modèle adapté à l'ère numérique. »

Tout à fait. 15 ans que je me creuse la tête et tous les raisonnements se ramènent à deux points : l’organisation et l’éducation. À la base des deux se trouve la Pensée. Incroyable ce truc. Personne n’y pense parce que c’est invisible. Pourtant, à la base de l’organisation se trouve la Pensée. À la base de l’éducation se trouve la Pensée. Oui, l’éducation est simplement la transmission de Pensée ou encore l’acquisition de pensée par l’observation et la déduction ou l’induction – le raisonnement si vous préférez. L’autodidacte fait cela. Le chercheur également (il s’éduque et éduque les autres sur ses découvertes. (Je n’utilise qu’un seul mot à dessein. Cela évite les débats stériles comme la différence entre l’éducation et l’enseignement).
La pensée est un phénomène naturel chez l’Homme et probablement chez la plupart des espèces sous une forme ou une autre.
L’organisation et l’éducation sont des phénomènes naturels. On les observe aussi bien chez l’Homme que dans toute la nature vivante.
Imaginez maintenant que la Pensée à la base de notre organisation et de notre éducation soit tordue, arbitraire, fondée sur de la manipulation et des objectifs de domination des races et des « êtres inférieurs ». C’était quand même la philosophie en vigueur quand l’école publique est née ainsi que l’ère industrielle. Je ne suis pas historien, mais franchement, voilà un beau sujet d’investigation pour les jeunes historiens en herbe.
Il est à craindre, dans ce cas, que les principes mêmes de l’école soient faux et orientés sur l’élimination du faible au profit du « fort ». Dans ce cas, si le raisonnement est juste, nous aurions une inégalité artificielle produite par le système « éducatif ».
Ajouté à cela, nous pouvons facilement remarquer que le système d’organisation de l’école et de la classe induit cette inégalité chez les élèves.
Plus j’y pense, plus je constate à quel point c’est diabolique. Le pauvre môme qui est largué dès le départ n’a aucune chance de récupérer. Le système va l’abrutir de données incompréhensibles pour lui et va en plus l’humilier, le rabaisser et lui « prouver par A + B » qu’il est un incapable et un fainéant (« il ne travaille pas assez ». Et tout cela fabriqué en série.
Cela nous laisse avec une « élite » super bien formée, bien monnayée, doté d’une accumulation de pouvoirs en tout genre pour contrôler la « populace ». Le « capital » est une forme de pouvoir.
Donc, pour répondre à la question, oui il faut revoir le système éducatif de façon à ce que chaque élève sans exception ait toutes les chances de réussir son éducation. Cela signifie une refondation sur de nouveaux principes.

« Les inégalités se creusent aussi par la main mise sur ces connaissances par des sociétés marchandes planétaires peu scrupuleuses, à l'inégalité de connaissances s'ajoute l'inégalité d’accès aux données. »

Bien sûr. Et l’accès aux données passe par la connaissance parfaite d’un nombre suffisant de mots et de la grammaire. Sabotez la grammaire chez un gosse et vous avez une personne qui ne pourra pas acquérir du savoir ou savoir-faire sauf par des images ou la répétition de gestes (trop limité à notre époque).

« De plus depuis 50 ans le rapport produit du travail/ produit du capital évolue très nettement en faveur du capital, inégalité financière. L'accroissement des inégalités me semblent la conséquence directe du décalage entre rapidité d'évolution de la technologie et l’adaptation de la société. Si vous souscrivez à l'analyse comment agir sur la cause - le décalage - et sur la conséquence - les inégalités - ? »

Je crois que le combat contre l’inégalité est perdu d’avance parce que l’inégalité en tant que telle est naturelle. Personne n’objecte à cela. C’est l’injustice le problème, et en particulier l’inégalité artificielle, le fait de fabriquer des esprits incompétents à la chaîne. Nous ne pourrons pas agir sur l’injustice du monde avant longtemps, je pense, par contre, nous pouvons relativement facilement corriger le système scolaire. Pour cela nous devons répondre à la question : « comment faire de chaque élève un citoyen compétent ? »
Je pense que c’est sur ce point que nous pourrons agir en tant que groupe.
Si nous arrivions à concevoir un système viable avec le moyen d’évoluer vers un tel système, nous élèverions le moral de toute la société. Imaginez les parents d’élèves fiers de leur gamin ou gamine, heureux de voir qu’ils ont un futur, vous imaginez ?
Tout le truc est de créer un cercle vertueux.
Si vous allez voir mes articles dans la rubrique « cercle enthousiasme », ça va vous amuser parce que je me suis vraiment laissé aller – j’ai l’imagination fertile !!!
J’avais laissé tomber par manque de réponses, mais peut-être que cela va démarrer.

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