Bonjour laurent,
Je vais répondre avec une approche "biologique". En te lisant, je constate que tu fais un lien entre le système nerveux, en particulier la mémoire, et les différents appareils sensitifs du corps humain :
- "Le corps cherche à se défaire de trucs [...] via un processus physiologique que l'on ressent [...]"
- "Mais il arrive souvent de l'interrompre [...] Alors ça revient."
- "Ça concerne des souvenirs majoritairement inconscients qui nous freinent, altèrent nos comportements"
- "Quand le processus est arrivé à son terme, le truc ne revient plus"
Lorsque tu parles "d'interruption" au point 2, le chirurgien et chercheur Henri Laborit nomme ce processus l'inihibition de l'action : c'est le fait d'interrompre une action, parce qu'un souvenir "désagréable" nous rappelle qu'elle a déjà été faite par le passé et que son résultat a aboutit à un résultat "négatif" (ex: une douleur).
Avec le temps, si la personne s'inhibe, cela va entraîner des maladies "psychosomatiques". En effet, le cerveau va d'abord ordonner la sécrétion d'hormones (la cortisol et l'adrénaline par exemple) qui vont être envoyées dans le sang en vue de cibler différents organes (ex: le coeur): tu vas "stresser" et cela peut-être approprié face à certaines situations, en vue de les aborder efficacement (ex: à l'approche d'un examen scolaire). Mais que ce passe t-il si tu ne parviens pas à évacuer cette tension ? Les problèmes de santé vont commencer : l'accumulation des signaux hormonaux vont s'accumuler, tes organes seront sollicitées (augmentation du rythme cardiaque, pulmonaire). Pratiquer une activité physique ou artistique est un moyen "d'évacuer" le stress.
Il arrive cependant qu'une personne se retrouve dans une impasse, où toute action est inutile : elle ne peut NI fuire, NI lutter. Je dis bien lutter, car le fait d'agir à travers la lutte permet d'évacuer cette tension d'après l'expérience d'Henri Laborit.
Où je veux en venir ? D'après mon expérience, ces impasses, ces souvenirs traumatiques doivent être pris par un professionel qui permettera d'entamer une "thérapie cognitive comportementale". Sans effacer le souvenir de l'épisode traumatique, on peut finalement vivre avec : c'est la résilience dont parle "belette" plus haut. Le neurologue Yehezkel Ben-Ari y consacre un paragraphe (p.169) dans son livre "Les 1000 premiers jours" et la décrit ainsi :
"Il s'agit d'une méthode de rappel de l'événement traumatique : le patient est incité à se remémorer encore et encore l'épisode à l'origine du SPT afin d'être en mesure de le 'digérer'. Le but est de ramener à son état d'événement exceptionnel et isolé. Le sujet peut alors plus facilement faire le tri dans ses pensées nocives et ses craintes : ils redevient capable d'identifier ce qui relève du danger réel ou fantasmé."
Than Nghiem a écrit un chapitre dans le "Manifest des crapauds fous", intitué "Pour une écologie de l'esprit". Elle écrit (p.145) :
"C'est parce que l'on est s'est sorti d'une souffrance et de son tunnel que l'on peut partager, aider ceux qui sont encore en chemin."
Je constate que c'est ce que tu fais.