Ce que je vais dire est peut-être philosophiquement discutable. À vrai dire, je ne fais pas de philosophie du point de vue intellectuel du terme. Je n’ai jamais ouvert un bouquin de philo de toute ma vie. S’il s’agit de l’étymologie, « amour de la sagesse », c’est sûr que je recherche la sagesse d’un point de vue humain et écologique. Dans ce sens, on peut appeler cela de la philosophie.
Vous aurez remarqué que je m’attache au côté spirituel des gens et du vivant. D’où cette nouvelle « philosophie » que j’appelle « animisme pragmatique ». Ce n’est pas pour rien que j’ai adopté ce point de vue.
L’autre vision serait selon moi une philosophie opposée que j’appellerais le « cérébralisme » (du latin cerebrum « cerveau »). Ce serait la conception entièrement matérielle de la pensée, de l’intelligence, des émotions, enfin de toutes les activités de l’esprit – sauf qu’il n’y aurait pas d’esprit, uniquement des neurones. Dans la vision « cérébraliste », il y a compétition entre l’intellect humain et l’intelligence artificielle.
L’animisme pragmatique ne permet pas cette compétition puisqu’il s’agit d’un autre univers avec des aptitudes ou des capacités différentes. Pour qu’il y ait compétition, il faut partager le même univers. Selon moi, la pensée se fait dans un autre espace, un autre temps, avec un autre type de matière et d’énergie.
Il est indiscutable que le cerveau agit ou réagit d’une certaine manière selon les circonstances ou les types d’activités – peut-être des milliards de manières différentes. Je peux le concevoir comme une sorte d’ordinateur, peut-être même une sorte d’IA pour réguler l’organisme dans la survie. Visiblement, la pensée et les émotions provoquent des changements observables dans le cerveau. Mais de là à dire que le cerveau contient toute la personnalité, la capacité d’amour, les manières de raisonner, les vertus, et autres…
Je pense que l’âme a un bien plus long passé que ce qu’on imagine et qu’elle a un long futur qui s’étend devant elle, pour le meilleur et pour le pire. Pour ma part je préférerais qu’il soit meilleur que pire. C’est pour cette raison que j’écris.
Et puis, il est plus facile de définir les choses sur deux plans, l’un spirituel et l’autre matériel.
Il y a une autre raison pour cette théorie : elle exige du temps, beaucoup de temps. Je ne suis pas naïf au point de penser que la réalisation d’un tel projet écologique est facile. Ce n’est même pas facile de le concevoir. Rares sont les gens qui peuvent l’imaginer. Mais c’est parce que la société occidentale est ainsi faite que l’on ne peut envisager les choses que sur quelques petites dizaines d’années. C’est très peu, trop peu. Il faut agrandir son esprit pour penser avenir, des siècles, des millénaires, et plus si affinités. Il se trouve que je peux penser comme ça, en temps long, très long.
Ce que j’écris n’intéresse peut-être pas grand monde. Peut-être que cela énerve certains. Serait-ce une raison suffisante pour ne pas écrire ? Pourquoi me tairais-je ? À quoi peut bien servir la philosophie si ce n’est pour tenter d’orienter le présent et le futur en modifiant des idées ou en en apportant de nouvelles ? C’est ce que je tente de faire à mon modeste niveau. Quelqu’un me dit que c’est trop théorique ? Eh bien que l’on m’apporte une théorie déjà prête. Si elle existe, la presse n’en a pas parlé. J’essaie d’apporter des fondements là où il n’en existe pas ou modifier des fondements faux et désastreux dans leurs résultats notamment dans l’école.
Alors oui, je défends l’idée d’un animisme pragmatique. Il offre au moins la perspective d’un futur digne de ce nom, un temps long dans lequel créer une relation harmonieuse entre l’Homme et la Nature. Si l’Homme est capable du pire, il est parfaitement capable du meilleur – s’il y croit. Faisons-lui confiance !