Je me suis procuré quelques accessoires d’enfant – petit seau, petite pelle, petit râteau et petit tamis pour faire le tri. J’ai commencé à déménager l’Everest pour le mettre au milieu du Sahara. Ça fera joli, je trouve. Qui veut me rejoindre ? Ici, on s’amuse à rêver !
Habituellement, quand on parle d’échec scolaire, on parle d’un enfant ou d’un ado qui est enseveli sous 250 tonnes de sable. Le nombre d’échecs préalables de compréhension et de savoir-faire est ahurissant. Encore faut-il y regarder de près.
Le problème des analyses de l’école c’est qu’elles s’adressent à la mauvaise cible – le contenu plutôt que le contenant (l’esprit). Ce n’est pas étonnant du reste, car le système scolaire actuel prend sa source dans une époque où les autorités ne considéraient guère la piétaille, la populace, enfin, le petit peuple, les petites gens. Il y avait les « sachants » et les « obéissants ». Les premiers dirigeaient les seconds qui devaient obéir. Les « notables » et les « non-notables ».
L’échec scolaire est engendré automatiquement par la rigidité du programme scolaire et par la rigidité de la méthode. C’est incompatible avec la manière de travailler d’un esprit. Oh rien de mystique, il suffit d’observer la vie. Chacun d’eux a un point de vue, lequel repose sur beaucoup d’expérience, un ou des milieux de vie, un environnement social – beaucoup de bagages déjà ; il y a l’amour, les quantités d’amour envers les choses, les activités, les animaux, les plantes, les gens, etc., tout cela varie d’individu à individu, cela varie en intensité et en sélection – un esprit possède un pouvoir de choix ; si on le lui retire, l’esprit s’abîme, se flétrit comme une fleur qui manque d’eau. Il y a la créativité, l’aptitude de l’esprit à former des images, des idées, de la beauté ou de la laideur, concevoir de nouvelles choses. Il y a les perceptions, physiques ou non, par lesquelles l’être acquiert ou reçoit des données de l’environnement. L’esprit fait des choses avec ces données, imagine diverses choses, agit ; il évalue les données, décide de leur importance, selon son point de vue, son expérience, ses objectifs, son métier ou le métier qu’il veut faire, et j’en oublie. Un esprit est un univers à part. Un autre esprit aura un autre univers à part, bien à lui, et ainsi de suite.
Alors vous allez me dire qu’il est impossible de prendre tout cela en considération dans l’éducation. C’est vrai, alors faisons confiance à cet esprit et cet esprit et cet esprit. Donnons-leur des outils avec lesquels ils forgeront leur vie. Rendons-les autonomes le plus rapidement possible et faisons-leur confiance.
Et l’échec scolaire dans tout ça ? Eh bien, définissons-le par rapport à la vie réelle. Il est à l’école pour apprendre. S’il veut apprendre et qu’il n’y parvient pas, c’est un échec. Précisons cela. S’il ne comprend pas une donnée importante qu’il devrait comprendre, il aura un échec si on le laisse passer à l’étape suivante. Tant qu’il se confronte à la difficulté, il est en train de résoudre un problème, ce qui est normal, il est là pour ça. S’il passe à autre chose en abandonnant, il a un échec de compréhension.
Pareillement pour le savoir-faire. Il est en train de s’exercer à une certaine action afin d’acquérir un savoir-faire précis. Il n’y parvient pas ou n’y parvient que très moyennement. Il passe à l’étape suivante et se vautre lamentablement ; il est désemparé ; il sent qu’il n’y arrive pas. C’est un échec. Tant qu’il se confronte à la difficulté de l’exercice sur lequel il est, il n’a pas d’échec. Un autre élève ou un professeur peut l’encourager à persévérer et il va y arriver en insistant un peu ou beaucoup.
Si l’on considère un cours (une matière) comme une suite logique et progressive d’étapes de compréhension et de savoir-faire, nous pouvons nous assurer que chaque élève acquiert des certitudes sous forme d’acquis – des choses qu’il sait, comprend bien et qu’il sait très bien faire. On coupe l'échec à la racine.